La Lorraine ne manque pas de SEL

Publié le par unselenmoselle

 

Le 18 août 2010, un article a été consacré aux SEL dans le Républicain Lorrain. Vous trouverez le texte ci-dessous. Une petite modification en passant, il s'agit bien d'une Bourse Locale d'Echange "vêtements et récoltes". On n'est donc pas forcé d'échanger des vêtements contre des récoltes comme le dit l'article. On ramène des habits ou des mirabelles, et on peut les "quetscher", selon le terme consacré, avec un autre seliste intéressé! Une petite photo de notre dernier pique-nique est venue illustrer ce sympathique article. Merci au seliste photographe qui se reconnaîtra! 

 

 

REGION

La Lorraine ne manque pas de Sel

 

 

 

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Echanger des moyens, des compétences et du temps… Alors que Jambville (Yvelines) accueille les 13 e rencontres annuelles des Systèmes d’échanges locaux, le nombre des « selistes » progresse en Lorraine.

 

Le 29 août, la commune de Maxstadt hébergera, près de Saint-Avold, une bourse d’échange d’un type particulier. A l’initiative d’ « Un Sel en Moselle », dernier né du genre, les participants viendront y troquer des vêtements contre des fruits ou des légumes, conformément au thème du jour : «  Vêtements contre récoltes  ». Effet de la crise et valeur refuge, les Sel (Systèmes d’échanges locaux) ont le vent en poupe. Jambville réunit cette semaine dans les Yvelines les « selistes » venus débattre des bienfaits de ce vecteur de lien social anti-crise (lire RL du 16/08). Cofondatrice d’ Un Sel en Moselle, Chloé Rémy témoigne de l’engouement du public : « Pour nous, l’aventure remonte à une rencontre au sein d’une association de parents d’élèves. A la fin 2009, nous avons réfléchi avec Séverine Marque et Céline Nanotti à la structure que nous voulions mettre en place, pour retenir cette formule d’association de fait. Elle a vu le jour en début d’année dans un triangle entre Metz, Saint-Avold et Château-Salins. Non déclarée en préfecture, elle répond à un fonctionnement collégial articulé par un conseil d’animation de dix-huit personnes. »


La quetsche


Forte de soixante-cinq adhérents, Un Sel en Moselle organise localement les échanges de services et de biens autour d’une monnaie commune : la quetsche. La minute de temps de service est facturée une quetsche quelle que soit sa nature. Le prix du temps est le même que l’on soit maçon ou architecte.


Chaque adhérent dispose d’un livret d’échanges individuels « sur lequel il tient lui-même les comptes en quetsches reçues ou données  ». Ce carnet de comptabilité peut être débiteur ou créditeur jusqu’à 1 000 unités. « Lors de leur adhésion, les gens s’engagent à remettre leur compte à 0 s’ils quittent le Sel », souligne Chloé Rémy. En cas d’échange d’un bien, il appartient à son possesseur d’en fixer la valeur en quetsches. « On fait confiance à chacun. C’est l’accord de gré à gré sur le montant qui est la règle. Nous n’avons pas de comptabilité centralisée. Mais nous constatons la plupart du temps que les adhérents mésestiment leurs biens par rapport à la facturation du temps de service offert. » Preuve d’un nouveau contrat de confiance entre participants. Lesquels privilégient les valeurs d’entraide au consumérisme ambiant. « L’adhésion à un Sel implique un autre rapport aux échanges humains et à la solidarité », confirme la cofondatrice d’ Un Sel en Moselle.

 

Au fil des adhésions, le catalogue des échanges s’étoffe. Consultable sur le blog – http://unselenmoselle.over-blog.fr/– il s’illustre ainsi : « Offre des cours de piano, une étagère, du co-voiturage, des fruits, et je demande une initiation à l’informatique, une aide pour jardiner et je recherche un poêle à bois. »


Avec les quetsches accumulées sur son livret, l’adhérent peut aussi bénéficier d’hébergements sur tout le territoire grâce à la route des Sel (http://www.routes-des-sel.org). « En retour, l’ouverture du centre Pompidou nous a procuré pas mal de boulot », confie ravie la Mosellane. Autre possibilité, joindre l’utile à l’agréable en profitant de « La route des stages et des métiers » à laquelle adhère également la structure mosellane (http://route.stages.free.fr). Du grain à moudre.

 

« Plus de contact humain »

Autre Sel venu enrichir la dizaine de structures lorraines, Sel et Riz dispose lui aussi d’un site internet séduisant : seletriz.over-blog.com

« On promeut un autre mode de vie, avec la volonté d’amorcer un tournant vers moins de consommation et davantage de solidarité et de contact entre les gens », résume Aude Foinant.

A 28 ans, cette professeur des écoles a décidé de relever le défi dans le Blamontois, entre Moselle et Meurthe-et-Moselle. Déplorant la perte de valeurs d’une société trop tournée à son goût vers le profit, la Meurthe-et-Mosellane jette en mars dernier les bases d’un nouveau Sel.

« Les profils d’adhérents sont très variés. Il y a des ados, des actifs et des retraités. Mais aucun président. Tout le monde doit être responsable », plaide la jeune femme. Sa devise : « Moins d’avoir, moins de biens, et plus de contact humain. ».

A la différence d ’ Un Sel en Moselle , Sel et Riz, dont l’unité monétaire est le grain de riz, ne permet pas l’échange de biens et reste tourné vers les services. « Entre la garde d’enfants et l’aide au jardinage, cela offre déjà une grande palette d’activités », nuance-t-elle. Pour l’heure, une cinquantaine d’adhérents ont été séduits. « Les gens apprennent encore à se connaître » mais pour elle, aucun doute, les Sel, dont il existe près de 400 structures sur le territoire regroupant environ 30 000 personnes, ont un bel avenir. Crise ou pas.

 

Xavier BROUET


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